Sauvegarder l'article
Identifiez vous, pour sauvegarder ce article et le consulter plus tard !

Consommation

L’œuf, star de la crise

Avec la crise, l'appétence déjà grande des consommateurs pour l’œuf a encore grandi. Mais elle se concentre sur les produits premier prix, au détriment de ceux bio, délaissés, d'après le CNPO, l'interprofession des œufs.








© Anne DAUBRÉE  «Nous devrions terminer l'année avec 229 œufs par habitant. L'an dernier, nous avions atteint 220, car nous avions un problème de manque de production», assure Alice Richard, la directrice du CNPO.
© Anne DAUBRÉE «Nous devrions terminer l'année avec 229 œufs par habitant. L'an dernier, nous avions atteint 220, car nous avions un problème de manque de production», assure Alice Richard, la directrice du CNPO.

Rares sont les aliments qui suscitent autant l'unanimité. Le 5 octobre, à Paris, le CNPO, l'interprofession des œufs, tenait une conférence de presse à l'occasion de la journée mondiale de l’œuf qui se déroulait quelques jours plus tard (le 13 octobre). Y était dévoilé le résultat d'une enquête, menée en août dernier par le CSA. «97 % des Français mangent des œufs», a exposé Alice Richard, directrice du CNPO. Clairement, les consommateurs plébiscitent l'aliment : 89 % en consomment au minimum une fois par semaine et plus de la moitié, plusieurs fois. L’œuf est considéré comme un aliment indispensable pour l'alimentation humaine pour 87 % des sondés, sain et équilibré pour 91 % d'entre eux... Et la relève générationnelle est assurée : quasiment tous les enfants en mangent, et presque autant l'aiment. De plus, l’œuf est paré d'une autre vertu particulièrement appréciable en période de crise : 90 % des Français considèrent qu'il présente un excellent rapport qualité-prix et ils sont presque autant à estimer qu'il s'agit de la protéine la moins chère du marché. Or, l'argument devient prégnant aux yeux des consommateurs. «Dans le contexte inflationniste, l'importance du critère du prix a fortement augmenté, tandis que celui du mode d'élevage des poules a diminué», note Alice Richard. À présent, 13 % des consommateurs placent le prix comme premier critère de choix, soit deux fois plus qu'en 2021. Et si le mode d'élevage des poules reste en tête (43 %) des critères de choix, il a fortement diminué (- 7 points). Concrètement, il existe quatre types d'élevage indiqués par des chiffres sur les coquilles, un barème identifié par 81 % des Français. Le code 0 indique l’ élevage biologique ; le code 1, en plein air ; le code 2, au sol, et le code 3, l'élevage intensif. Leur prix diffèrent de manière importante : en moyenne, l'œuf de poule en cage (élevage intensif) est proposé à 15 centimes et le bio à 38 centimes, soit plus du double. Entre les deux, l’œuf de la poule au sol (19 cts) et de plein air (25 cts).


Fin du mois difficile, le retour de la cage

Ces différentes catégories connaissent des évolutions diverses dans une année 2023 qui globalement, constitue un «record», annonce Loïc Colombel, vice-président du CNPO. «Nous devrions terminer l'année avec 229 œufs par habitant. L'an dernier, nous avions atteint 220, car nous avions un problème de manque de production. Pour 2023, cela fait cinq œufs de plus qu'en 2018, qui constituait déjà un record», explique-t-il. Dans le détail, les achats des ménages en magasin constituent 45 % du marché, les produits réalisés avec de l’œuf, en restauration hors domicile et industrie agroalimentaire, 35 % et les œufs coquilles en restauration hors domicile, 20 %. Au total, sur un marché agroalimentaire à la baisse, sur les sept premiers mois de l'année 2023, les achats d’œufs des ménages ont progressé de 3,8 % par rapport à la même période en 2022. «Le produit tire son épingle du jeu, avec son prix et ses qualités nutritionnelles», commente Loïc Colombel. Mais tous les types d’œufs ne bénéficient pas de cette évolution. En 2023, les achats d’ œufs issus d'élevages au sol et de plein air ont progressé à un rythme comparable (+ 17,5 % et 18 %). En revanche, ceux des œufs cage et bio ont reculé de 15,1 % et 6,9 %. Dans le premier cas, la baisse est liée à un déréférencement des produits par les distributeurs. Dans le second, elle suit l'évolution de l'ensemble du marché bio. Il s'agit d'un véritable retournement de tendance : en 2021, le marché du bio était très dynamique tandis que celui des œufs issus d'élevage intensif plongeait. Le premier était porté par de nouvelles tendances de consommation. Le second, délaissé par les enseignes qui s'étaient engagées à ne plus commercialiser ces œufs, fin 2025. Aujourd'hui, d'après la CNPO, une majeure partie de la production d'œufs de code 3 trouverait preneurs. À partir de ce mois d'octobre, les producteurs vont réduire le prix des œufs de 7 à 8 % aux supermarchés, en raison de la baisse des céréales, selon le CNPO. Mais les distributeurs restent maîtres de fixer le prix au consommateur.
«Dans le contexte inflationniste, l'importance du critère du prix a fortement augmenté, tandis que celui du mode d'élevage des poules a diminué.»

Alice Richard, directrice du CNPO.



Poules pondeuses

La France partage sa première place de producteur d’œufs de l'Union Européenne avec l'Allemagne et l'Espagne (14 % chacun ). En 2022, l'influenza aviaire avait sévi dans le monde entier et en France, la production avait été limitée à 14,4 milliards d’œufs. En 2023, la reprise a été freinée par de nouveaux cas d'influenza aviaire en début d'année et la production devrait croître de 3,8 %, par rapport à l'an dernier, mais sans retrouver son niveau de 2021.