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Réseaux 100 % féminin : l’ère de la (re)conquête version «girl power» entrepreneurial

Le club EAF de la CPME de Meurthe-et-Moselle qui organise une soirée sur la condition féminine, le réseau national Bouge ta boîte 100 % féminin qui s’installe à Nancy et à Metz ou encore la section vosgienne de la CPME qui abat la carte du trophée de l’entrepreneuriat, les réseaux féminins semblent monter en puissance en Lorraine. Une tendance de fond ?

Début juin en fin d’après-midi à l’extérieur d’un restaurant vandopérien, une centaine femmes, cheffes d’entreprise, dirigeantes, manageuses ou simples collaboratrices, se retrouvent à l’initiative du récent réseau 100 % féminin, Bouge ta boîte arrivé sur Nancy en novembre de l’année dernière et qui vient tout juste de s’installer dans la région de Metz. Cinq autres réseaux féminins sont également présents (Est’elles Executive, le collectif des femmes et entrepreneuses du Grand Est, Femmes des Territoires, l’association Elles bougent et le Collectif des fées). Une union sacrée version réseau féminin le temps d’un afterwork et une synergie de moyens et de compétences toutes féminines. Objectif : faire connaître ces réseaux et renforcer leur poids dans l’écosystème entrepreneurial local. «Il y a une attente de la part des femmes au niveau des réseaux d’affaires. Elles souhaitent démystifier la notion de business. Faire des affaires mais d’une façon différente. Nos réseaux sont pensés par et pour les cheffes d’entreprise pour s’entourer, développer son CA et étoffer sa stratégie tout en s’appuyant sur la puissance du collectif.» Ophélie Brançon, est co-organisatrice de l’événement et pilote de Bouge ta Boîte sur Nancy. Cette agente générale d’assurance pointe du doigt un sentiment, quasi général, que la gente féminine apparaît toujours véhiculer (sans réellement l’avouer) au niveau de l’écosystème entrepreneurial et des affaires, celui d’une réelle reconnaissance. Quand on parle de femmes cheffes d’entreprise, les stéréotypes ont la vie dure et au cœur même de certains de ces réseaux. Briser le plafond de verre, manque de confiance, inégalités de perception voire même de quasi-discrimination, apparaissent encore trop souvent des sujets mis en avant au cœur de cette typologie de réseaux. «Notre objectif est d’accompagner les dirigeantes, de promouvoir l’entrepreneuriat au féminin, de changer les mentalités, de défendre les droits et l’intérêt des femmes cheffes d’entreprise d’une façon générale», assuraient il y a un peu plus d’un an Doris Thiriot et Stéphanie Lorraine, coprésidentes de la commission EAF (Entrepreneuriat au féminin) de la CPME de Meurthe-et-Moselle.

Les «vieux» combats toujours présents

Changer les mentalités, les choses apparaissent être encore là et les «vieux» combats d’hier semblent toujours être d’actualité. Un paradoxe de taille, pour certains, aujourd’hui où les effets des différents mouvements de libération de la parole des femmes (à l’image du mouvement #MeToo) ont été plus que palpables (et surtout nécessaires). «Il est vrai que dans les réseaux féminins, même si les thèmes de l’inégalité, de la discrimination ou encore du manque de confiance et de considération ne sont pas explicitement nommés, ils demeurent toujours sous-jacents et certaines femmes, cheffes d’entreprise ou non, ne se retrouvent pas réellement dans ces discours. Elles ont confiance en elles, se sentent aussi légitimes qu’un homme et ne voient pas pourquoi on continue à se concentrer uniquement sur ces sujets. C’est presque contre-productif», assure un observateur du monde des réseaux. «Ma vie d’entrepreneuse, je l’ai bâtie avec mon nom de jeune fille. Et il faut parfois insister. Il n’est pas rare de voir encore certains financeurs demander la profession du conjoint et construire le dossier avec le nom du mari.» Des exemples de témoignages comme celui-ci sont encore bien présents. Un autre temps ? Pas si sûr. Dans les chiffres, 45 % des nouvelles entreprises individuelles l’an passé ont été créées par des femmes (source : Insee), soit deux points de plus qu’en 2021. Reste que plus souvent que les hommes, les femmes créent des entreprises de subsistance. Sur le long terme, bon nombre s’autolimitent et restreignent leur développement. Selon les chiffres de Bpifrance, 12 % de femmes dirigent aujourd’hui une PME ou ETI. La route semble être encore longue. Face à cet état de fait certain, les réseaux 100 % féminins apparaissent se renforcer et étendre leur champ d’action. Histoire que la question du genre disparaisse réellement un jour. Il serait peut-être temps, mais attention de ne pas tomber dans l’excès inverse version girl power entrepreneuriale.