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Denis Renaud, directeur général de l’ALSMT : «Les salariés aidants sont un enjeu de RSE»

Sur l’initiative de l’ALSMT (Association lorraine de santé au travail), de la DDETS de Meurthe-et-Moselle et l’AEIM-Adapei en partenariat avec l’Observatoire d’analyse au dialogue social et à la négociation, une conférence sur les salariés aidants est organisée, le 6 octobre au centre Prouvé de Nancy. Tout à chacun est concerné par cette situation. 11 millions de proches aidants sont aujourd’hui répertoriés dont 60 % exercent une activité professionnelle. Un enjeu de taille pour l’entreprise qui s’affiche aujourd’hui comme un enjeu de RSE (Responsabilité sociétale de l’entreprise). Le point avec Denis Renaud, directeur général de l’ALSMT.

 «26 % seulement des salariés aidants informent leur employeur de leur situation alors que les risques pour le travailleur, comme pour l’entreprise sont identifiés», assure Denis Renaud, le directeur général de l’ALSMT.
«26 % seulement des salariés aidants informent leur employeur de leur situation alors que les risques pour le travailleur, comme pour l’entreprise sont identifiés», assure Denis Renaud, le directeur général de l’ALSMT.

Les Tablettes Lorraines : Pourquoi avoir décidé d’organiser une conférence sur les salariés aidants ?

Denis Renaud : Tout est parti d’un constat ! Au sein de nos services, nous constatons, notamment lors des visites médicales du travail, que bon nombre de salariés sont tout simplement épuisés du fait d’accompagner, à différents niveaux, une personne plus ou moins dépendante. Nous sommes tous à un moment donné de notre vie des aidants, d’une façon ponctuelle, occasionnelle ou sur le long terme. Cet état de fait devrait continuer à se renforcer. D’ici 2060, selon l’INED (Institut national d’études démographiques), le nombre de personnes en perte d’autonomie devrait tout simplement doubler. La question de la place du salarié aidant dans l’entreprise est aujourd’hui un véritable enjeu de société dont le monde du travail doit se saisir.

Onze millions de proches aidants sont aujourd’hui comptabilisés et plus de 60 % exercent une activité professionnelle. Comment pouvoir concilier vie professionnelle et ce nécessaire accompagnement d’un proche ?

Des dispositifs existent comme des congés ou des prestations sociales pour faire face aux situations d’aidance mais leur utilisation demeure limitée car ces dispositifs sont peu connus et les démarches sont parfois complexes et peu accessibles. L’un des principaux freins est le fait que seulement 26 % des salariés aidants informent leur employeur de leur situation alors que les risques pour le travailleur, comme pour l’entreprise sont identifiés : impacts sur la santé physique et mentale, difficultés à concilier vie personnelle et professionnelle, diminution de la qualité de vie et de la performance au travail.

L’une des premières solutions serait donc d’ouvrir réellement le dialogue et ne pas faire de cette situation de salarié aidant un tabou ?

Il faut libérer la parole sur le sujet pour mieux anticiper les choses ! C’est pourquoi la conférence que nous organisons avec la Direction départementale de l’emploi, du travail et des solidarités, l’AEIM-Adapei 54 et l’Observatoire d’analyse et d’appui au dialogue social et à la négociation (programme complet sur le https://www.alsmt.org/), possède deux entrées. D’un côté les aidants, derrière un salarié sur dix se cache un aidant et l’un des principaux enjeux est de savoir comment le reconnaître car très peu mettent en avant leur situation. De l’autre, l’entreprise et ses dirigeants. Comment dans l’entreprise, nous pouvons nous adapter à leurs besoins sans désorganiser l’activité et quelles sont les solutions pour accompagner au mieux le salarié pendant cette période.

Parfois, les collaborateurs entre eux s’organisent. Certains offrent leur RTE ou leurs congés pour permettre à leur collègue de se dégager du temps, c’est une bonne approche ?

C’est plus que louable et bienvenue mais au sein d’une entreprise quand on commence à s’en remettre à ce type d’actions individuelles, cela ne résout pas réellement le problème. Il est nécessaire aujourd’hui de réellement cadrer les choses et de s’organiser. Marie-Anne Montchamp, directrice générale de l’OCIRP (Organisme commun des institutions de rente et de prévoyance) et ancienne secrétaire d’État chargée des personnes handicapées, sera le grand témoin de la conférence. Elle exposera les évolutions possibles à venir pour aboutir à une véritable prise en considération des salariés aidants.

Les choses devraient normalement avancer pour une réelle prise en considération des salariés aidants ?

L’entreprise se doit de s’emparer du sujet. L’évolution sociétale générale, le fait que le maintien à domicile le plus longtemps possible est devenue une norme, que les hospitalisations en ambulatoire se démocratisent, sans parler des autres personnes dépendantes comme les personnes en situation de handicap, font que le salarié aidant est un véritable enjeu de RSE pour l’entreprise.

6 octobre : journée nationale des aidants

Bonne pioche pour le choix de la date du 6 octobre ! La conférence de l’ALSMT «Un aidant a tous les visages, reconnaissez-vous votre salarié ?» tombe le même jour que la 14e édition de la journée nationale des aidants, organisée par le collectif Je t’Aide. Plusieurs manifestations sont annoncées notamment en Meurthe-et-Moselle à l’image de celle de la plateforme Oxygène Répit 54. Au fablab de l’association J-B Thiéry à Maxéville elle proposera des séances d’hypnoVR et de musicothérapie pour offrir un peu de «répit » aux aidants.